Le blongios nain

Blongios nain

C’est le plus petit héron européen. Chez le mâle adulte, le capuchon, le dos, le haut des ailes et de la queue sont noirs à reflets verdâtres. Les côtés de la tête et le cou affichent une teinte jaune ocre pâle. Le reste du dessous est ocre avec quelques marques latérales sombres. Le bec jaune verdâtre possède une arrête brune. Il est souvent nuancé de rouge-orange en période nuptiale. La femelle possède une calotte noire avec des liserés bruns. Le dos affiche une couleur brun-chocolat avec des bordures jaunâtres. Les côtés du cou portent des marques brunes, les flancs sont rayés de brun sombre. L’iris jaune est plus pâle que celui du mâle. Les juvéniles sont assez semblables aux femelles adultes mais avec un dessous plus fortement rayé de noir et de jaune.

 

 

Statut et priorité de conservation

Espèce protégée en France (Annexe 1 de la Directive Oiseaux)
France : quasi menacé / Rhône-Alpes : en danger critique / Haute-Savoie : en danger
Priorité de conservation en Haute-Savoie : 1

Situation de l’espèce en Haute-Savoie

Le programme mis en place entre 2009 et 2014 a permis d’estimer la population du département dans une fourchette de 4 à 12 couples localisés essentiellement sur les gravières de la vallée de l’Arve. Les variations interannuelles sont fortes et ne semblent pas corréler avec le succès de reproduction, si bien que deux mauvaises années comme 2012 et 2013 (4 couples, 2 à 3 jeunes) peuvent succéder à une excellente année comme 2011 (12 couples, 22 jeunes). Des individus nicheurs peuvent être observés dans la roselière d’Annecy (Annecy-le-Vieux) au printemps et en été. Une attention particulière doit être portée aux actions de gestion de la roselière (nature et période d’intervention), afin de ne pas compromettre la reproduction de ce fragile héron.

Habitat

Le blongios recherche les roselières denses de roseaux, les massettes et les jeunes saules bordant les eaux peu profondes des étangs et lacs de plaine riches en petits poissons, amphibiens et insectes. Il niche souvent au-dessus de l’eau, dans les roselières ou buissons. On le retrouve donc essentiellement dans les zones humides.

Comportement

Il est facilement observable au printemps lorsque les mâles patrouillent au-dessus des marais d’un vol souple. Le blongios nain possède essentiellement des activités diurnes et crépusculaires. Très habile à grimper sur les tiges des roseaux, il adopte une posture figée, immobile et raide, aussitôt qu’il s’estime en situation de danger.
En vol, il bat lentement des ailes, la tête repliée en arrière et les pattes tendues ; son vol est puissant et régulier.

Menaces

Les zones humides étant mieux considérées et gérées aujourd’hui, on pourrait penser que le blongios en profite. Malheureusement, comme de nombreux migrateurs transsahariens, l’espèce connait une forte mortalité en migration comme sur ses quartiers d’hivernage, du fait de la dégradation des zones humides africaines ainsi que des sécheresses notamment dans le nord du Sahel. Le maintien de zones humides favorables à la reproduction sous nos latitudes est la seule chose à faire pour favoriser l’espèce.

Cycle annuel

Migrateur au long cours, il hiverne en Afrique sub-saharienne et visite nos régions en été (avril à octobre).

 


La rousserolle effarvatte

Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus)

L’effarvatte est la plus commune des « fauvettes aquatiques », lesquelles se reconnaissent à leur profil (Acrocephalus) et leur longue queue arrondie à l’extrémité, avec une tête pointue, un front plat et un long bec mince. Elle fréquente les roselières à phragmites, communément appelées roseaux, en période de reproduction. Les deux sexes sont identiques. En plumage frais (résultant de la mue), l’adulte présente des parties supérieures assez chaudes, d’un brun soutenu. Les parties inférieures sont claires. La gorge est blanche, caractère qui apparaît bien lors du chant. En plumage usé (juin-septembre), les parties supérieures de l’adulte deviennent d’un brun plus gris et les parties inférieures pâlissent. Le juvénile a un plumage neuf, nettement plus roux que celui de l’adulte et ses pattes sont plus grises. Il ressemble alors beaucoup aux autres jeunes rousserolles, verderolles en particulier, d’où de possibles confusions. Peu visible dans les roseaux, la rousserolle effarvatte est néanmoins facilement détectable par son chant caractéristique qui trahit sa présence.

Protection et vulnérabilité en Haute-Savoie

Espèce protégée au niveau national.
Avec une population estimée entre 200 à 400 couples, la rousserolle effarvatte est localisée dans les dernières zones humides de Haute-Savoie. Cet effectif, et sa diminution supposée supérieure à 10 % ces dix dernières années, justifient son classement parmi les espèces « vulnérables » du département. Elle se reproduit notamment sur les communes d’Annecy, Doussard, Saint-Jorioz et Sevrier. En 2016, 35 mâles chanteurs ont été dénombrés sur le lac d’Annecy.

Habitat

La rousserolle effarvatte fréquente les zones humides, comme les roselières inondées des bords d’étangs, de rivières et de lacs. Le nid, en forme de corbeille, est tressé entre plusieurs tiges de roseaux. En migration, les effarvattes peuvent s’observer en milieu arbustif et même arborescent, selon les circonstances et les ressources. Il est fréquent au printemps d’entendre un mâle chantant dans un buisson lors d’une halte migratoire. La nidification commence dès l’arrivée de la femelle sur le territoire du mâle, fin avril – mai. Cette dernière y pond 4 à 5 œufs bleutés et tachetés. Mâle et femelle couvent les œufs, mais seule la femelle possède une plaque incubatrice (zone de l’abdomen dénudée pour permettre une meilleure transmission de la chaleur). L’éclosion se produit après 11 à 12 jours d’incubation. Nourris d’insectes par les deux parents, les jeunes grandissent rapidement et sont complètement emplumés et prêts à l’envol une dizaine de jours plus tard. Le nid de la rousserolle effarvatte est fréquemment parasité par le coucou gris. Lorsque c’est le cas, la nichée est perdue au profit du jeune coucou nourri par ses parents « adoptifs ».

Comportement

Les couples de rousserolle effarvatte sont territoriaux. Le mâle chante perché en vue dans la partie supérieure d’un roseau sec tandis que la femelle vaque aux occupations liées à la nidification. Ce sont des insectivores qui chassent à vue. La période de chant passée, les seuls indices de leur présence sont des cris rêches, typiques du genre Acrocephalus.
Le vol est bas et plutôt court.

Menaces

Globalement, la diminution drastique des zones humides, même de petites tailles, est la seule et unique cause de disparition de cette espèce qui s’adapte à de nombreuses contraintes.

Cycle annuel

Migratrice au long cours, elle hiverne en Afrique tropicale, au sud du Sahara. En fin d’été, l’effarvatte fait des réserves de graisse pour supporter le long voyage migratoire. Le signal du départ est donné par son horloge interne, influencée par la durée du jour.

 


Le grèbe huppé – © René Hoffe

Grèbe huppé (Podiceps cristatus)

C’est le plus grand des grèbes. Il est facile à reconnaître à sa huppe noirâtre et double, et au printemps à la collerette de plumes rousses et noires ornant les côtés de la tête. Son cou est mince et ses joues sont blanches. Ses pattes sont palmées mais chaque doigt reste indépendant (palmure lobée). Le bec est assez long, pointu, droit, rosé et noir.

 

Habitat

Le grèbe huppé est un oiseau des étangs, des cours d’eau lents, des marais, des lacs, des réservoirs artificiels, des gravières inondées, des estuaires et autres lieux similaires. Pour nicher, il apprécie particulièrement les plans d’eau ceinturés de roseaux fournis et la végétation palustre épaisse parmi laquelle il place son nid flottant. Bien que la roselière d’Annecy-le-Vieux soit le site de nidification le plus important du lac d’Annecy, il est possible d’observer l’espèce partout sur le reste du lac.

Comportement

C’est un oiseau peu farouche : il n’est pas rare d’observer les parents nourrir les poussins devant les passants qui se promènent au bord du lac ! Excellent nageur et plongeur, il peut s’enfoncer à 20 m (en général 4-6 m) pendant 3 minutes. Il est également capable de parcourir plusieurs dizaines de mètres sous l’eau. Il vole plutôt bas, actionnant rapidement les ailes, cou et pattes étendus. Les pattes servent de gouvernail, tant dans l’air que dans l’eau. En vol, son aspect est allongé, sa queue semble inexistante et ses battements d’ailes sont très cadencés.

Alimentation – mode de régime

Le grèbe huppé se nourrit de divers petits poissons (de 5 à 20 cm), de larves d’insectes, de crustacés et de mollusques. L’adulte peut également consommer occasionnellement des grenouilles, algues et autres végétaux. Pour chasser ses proies, il plonge fréquemment sous la surface ; il peut alors fouiller la vase avec son long bec ou traquer des animaux aquatiques à la nage.

Reproduction – nidification

La nidification a lieu entre avril et juillet. À cette époque, les adultes portent une double huppe et des oreillettes brunes encadrent la tête. Lors de la complexe parade nuptiale, le mâle et la femelle se font face et dressent le cou. Ils nagent de concert, se frottent le cou en émettant des cris, plongent puis réapparaissent, l’un des deux présentant des algues à l’autre. Le couple s’immobilise, poitrine contre poitrine, et chaque oiseau tourne la tête de chaque côté. Ce manège peut se perpétuer, même lorsqu’ils construisent le nid. Ce dernier est généralement en pleine eau, caché au sein des roseaux ou d’autres plantes aquatiques. Il est parfois à découvert sur la berge ou sur une vasière émergente. C’est un amoncellement de végétation aquatique, flottant ou attaché à la rive. La ponte est composée de 3 à 6 œufs blancs, qui virent ensuite au brun et deviennent alors plus discrets. Les adultes couvent en se relayant toutes les heures. L’éclosion intervient au bout de 28 jours. Les jeunes sont aussitôt capables de nager, ils restent cependant dépendants de leurs parents encore plusieurs semaines. Il est très difficile de dénombrer le nombre de couples reproducteurs sur le lac d’Annecy. En effet, la reproduction peut être très précoce (dès mi-avril) pour certains reproducteurs, et extrêmement tardive pour les derniers ; des adultes nourrissant les jeunes peuvent être observés durant les comptages de novembre !

Cycle annuel

Le grèbe huppé est un migrateur partiel. Bien que l’espèce soit surtout sédentaire, certains grèbes huppés issus des régions nordiques de l’aire de répartition descendent passer l’hiver dans les estuaires, dans certains lacs comme celui d’Annecy où l’on dénombre entre 200 et 250 individus les dernières années et le long des côtes sableuses lorsque le gel fige les eaux douces. Toutefois, ils ne tardent pas à regagner les eaux continentales dès le début du printemps pour y nicher. Le seul moment où cet oiseau consent à voler est justement l’époque de la migration.

 


Le canard colvert

Canard colvert (Anas platyrhynchos)

Le canard colvert mâle a un long corps gris, avec la poitrine brun-lilas. La tête et le cou présentent des plumes vertes irisées, séparées de la poitrine par un collier blanc. Le bec est grand et jaune et porte un onglet noir à son extrémité. Les pattes sont rouge-orangé. La femelle est plus brune, tachetée de chamois, blanc et brun foncé. Les parties inférieures sont claires avec la queue blanchâtre. Le bec est orange ou jaune, avec quelques taches noires au milieu. Les pattes sont aussi rouge-orangé.

Habitat

Ce canard vit dans n’importe quelle zone humide. Il a besoin de végétation flottante et émergente pour lui procurer sa nourriture, invertébrés aquatiques et graines. Quelques populations sont résidentes si les ressources de nourriture et les zones abritées sont abondantes, comme sur le lac d’Annecy où il est l’un des oiseaux les plus communs. Sa sédentarisation peut s’avérer problématique dans le développement de parasitose comme la dermatite cercarienne (démangeaisons de peau provoquées par un parasite présent ponctuellement dans l’eau et effectuant son cycle de développement entre un oiseau d’eau comme le canard colvert et un escargot aquatique).

Comportement

Le canard colvert est un canard barboteur se nourrissant à la surface de l’eau et plongeant la tête en basculant son corps, la queue tendue verticalement hors de l’eau, tout en nageant. Il est d’abord un végétarien, se nourrissant de graines variées, mais il consomme également mollusques, insectes, petits poissons, têtards, escargots et œufs de poisson. La parade nuptiale voit le mâle exhiber ses plumes brillantes. Il nage autour de la femelle cou tendu et projette ensuite sa tête en arrière sur son dos. Il dresse aussi son corps sur l’eau et nage alors dans tous les sens ! L’accouplement a lieu dans l’eau après une parade élaborée. La femelle choisit habituellement le territoire proche de celui où elle est née. Son attitude protectrice suffit en général à éloigner les prédateurs du nid.
Son vol est rapide pour sa grande taille ; ce sont des oiseaux agiles qui peuvent s’envoler presque à la verticale. Il vole avec la tête et le cou tendus en avant, avec des battements peu amples et rapides. Sa vitesse peut atteindre 80 km/h.

Reproduction – nidification

Le nid est généralement construit sur le sol, caché dans les herbes sèches et les roseaux. Il est tapissé de morceaux de paille et d’herbes. La femelle dépose 8 à 10 œufs vert pâle, parfois blancs. L’incubation, assurée par la femelle seule, dure environ 30 jours et ne débute que lorsque la ponte est complète (un œuf déposé par jour). Les poussins sont nidifuges : ils peuvent nager très rapidement, dès que leurs plumes duveteuses sont sèches. L’espèce se reproduit sur le lac d’Annecy, notamment à Annecy, Doussard et Saint-Jorioz.

Menaces

Le canard colvert est réputé comme gibier dans tout son habitat, mais les populations ne semblent pas en danger. Cette espèce, comme les autres canards, est néanmoins en train de perdre son habitat humide : elle arrive alors à s’adapter à des zones de parcs urbains et autres endroits où l’eau est présente.

Cycle annuel

Sédentaire en France, l’espèce est présente toute l’année sur le lac d’Annecy avec 150 à 200 individus dénombrés. On peut également noter la présence d’hivernants nordiques dans nos régions. Pour certaines populations partiellement migratrices, elles hivernent dans tous les milieux sauf la pleine mer, de 60 à 20° de latitude nord. La migration commence dès le mois d’août jusqu’en novembre-décembre, correspondant au pic d’abondance dans les zones d’hivernage. Le retour pour la reproduction commence dès janvier. La migration du canard colvert apparaît essentiellement nocturne.

 


Le fuligule morillon

Fuligule morillon (Aythya fuligula)

Le mâle dans son ensemble est noir, hormis les flancs et le ventre blanc. Une huppe noire pend sur la nuque, le bec est gris sauf l’extrémité qui est noire, séparée par une fine ligne blanche. Les pattes palmées sont grises. La femelle a un plumage brun dessus et brun plus clair dessous, un bec et des yeux de même couleur mais sa crête est plus courte. On note parfois une tache blanche à la base du bec. En vol, ils montrent tous deux une barre blanche sur l’aile.

 

Protection et vulnérabilité

Espèce chassable.
Notée « rare » dans le livre des oiseaux menacés et à surveiller en France.
Nicheur régulier depuis 1985 sur un seul site du département de la Haute-Savoie : la Réserve Naturelle du Delta de la Dranse. La nidification de cette espèce ne concerne pas plus de 20 couples. Sur le lac d’Annecy, les quelques données de nicheurs probables sont incertaines. Hivernant néanmoins sur ce lac, on en dénombre généralement à cette période environ 100 à 200.

Habitat et reproduction

Le fuligule morillon fréquente les plans d’eau à végétation immergée abondante. Le nid est placé à terre ou sur l’eau, sous des buissons ou des touffes d’herbes ou au sein des roseaux, mais toujours à proximité de l’eau. Ce canard d’eau douce change de partenaire chaque année. Les couples se forment à la fin de l’hiver ou au début du printemps. Ils paradent en groupes bruyants, avec de fréquents mouvements de tête et des toilettages rituels. En mai-juin, la femelle pont de 6 à 11 œufs dont l’incubation dure entre 23 et 28 jours. Elle s’occupe seule des œufs et les couvre d’une couche de duvet isolant lorsqu’elle s’absente du nid. Les cannetons sont nidifuges et quittent donc rapidement le nid. L’envol s’effectue au bout de 40-45 jours.

Comportement

Ce canard plongeur trouve la plupart de sa nourriture sous la surface. Son immersion dure en général entre 10 et 20 secondes. Propulsé par ses larges pattes palmées, il peut descendre jusqu’à 7 m de profondeur. Il est sociable, même en période de reproduction : son nid est souvent proche de celui de mouettes.

Menaces

Le fuligule morillon est une espèce sensible au dérangement. Aussi, le développement d’activités nautiques sur ses sites de reproduction peut être préjudiciable ; ce qui n’est pas le cas en Haute-Savoie puisque les rares couples nicheurs haut-savoyards sont localisés sur la Réserve Naturelle du delta de la Dranse. Notons que l’ouverture précoce de la chasse constitue un autre facteur particulièrement néfaste, l’éclosion et l’envol des jeunes étant très tardifs chez cette espèce.

Cycle annuel

Migrateur partiel, il hiverne en Europe, comme au lac d’Annecy, où les individus sont justement des migrateurs présents sur la période hivernale. Il est aussi vu parfois au nord de l’Afrique lorsque son aire de nidification habituelle se situe plutôt au nord et au centre de l’Europe.

 


La foulque macroule

Foulque macroule (Fulica atra)

Plus grande que sa cousine la poule d’eau (36-42 cm), la foulque macroule est un oiseau de forme arrondie, au plumage entièrement noir, rehaussé par un bec et un écusson frontal blancs. Ses yeux sont rouges et ses pattes verdâtres.

 

 

 

Habitat

Elle fréquente les étangs, lacs et baies peu profondes, à végétation dense. 500 à 600 foulques sont présentes toute l’année sur le lac d’Annecy : c’est une des espèces les plus abondantes.

Comportement

La foulque macroule plonge très souvent à la recherche de nourriture, avec un petit saut et ressort rapidement (flotte comme un bouchon). Elle nage lentement en hochant la tête. Son régime est omnivore et essentiellement végétarien. Elle bascule et plonge régulièrement jusqu’à 2 m de profondeur pour s’alimenter, parfois jusqu’à 4 ou 5 m. Elle défend énergiquement son territoire en se précipitant contre les intrus. Concernant le vol, elle court en frappant des pattes sur l’eau avant un envol laborieux.

Reproduction – nidification

Le nid est une construction volumineuse faite de matières végétales amoncelées, dans parfois 30 cm d’eau. La femelle pond de 5 à 9 œufs plus gros et moins tachetés que ceux de la poule d’eau. Ils sont blanc-cassé brillant. L’incubation commence avant que la portée ne soit au complet et dure un peu plus de 3 semaines. Les portées sont pondues en général vers la fin avril et jusqu’à fin juillet. Les jeunes restent au nid quelques jours puis ils sont répartis entre les deux parents. Ils s’alimentent seuls vers l’âge de 4 semaines et commencent à voler un mois plus tard. L’espèce se reproduit sur presque toutes les communes du lac.

Menaces – protection

Son statut n’est globalement pas menacé. L’espèce a accru son territoire en Europe depuis la fin du XIXe siècle. Il y a eu des mouvements importants dans certaines régions à cause des hivers rigoureux, mais cette espèce s’en est sortie grâce à la production de ressources par le milieu naturel (eutrophisation) et par son adaptation aux nouveaux milieux urbains.

 


La bergeronette des ruisseaux

Bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea)

On peut facilement confondre la bergeronnette des ruisseaux avec la bergeronnette printanière. Le mâle possède le même dessous jaune vif, mais il a une bavette noire peu apparente qui disparaît après la période de reproduction, un dos gris et une longue queue, nettement plus importante que celle de la bergeronnette printanière. Contrairement aux autres espèces qui possèdent des pattes noires, c’est la seule bergeronnette aux pattes rosées.

Habitat

La bergeronnette des ruisseaux est très dépendante de l’eau, surtout une eau courante, à proximité des habitations et des ponts. Elle niche le long des torrents et des rivières de collines et de montagnes, tant en milieu boisé qu’ouvert. Durant les comptages hivernaux de 2016 sur le lac d’Annecy, en moyenne 5 individus ont été dénombrés. Ce sont donc des oiseaux plutôt rares, mais présents et inféodés à ce lac.

Comportement

La migration d’automne s’effectue de septembre à octobre. Certains oiseaux de l’Europe méridionale sont sédentaires et des individus peuvent également hiverner en Europe centrale, le long des cours d’eau non pris par la glace. Les lieux d’hivernage des populations migratrices se trouvent en Méditerranée et en Afrique du nord.
Le mâle chante et agite ses ailes sur un arbre, un rocher ou en vol. Ce dernier est qualifié d’onduleux.

Alimentation – mode et régime

Elle se nourrit principalement d’insectes aquatiques et de leurs larves ainsi que de nombreux petits animaux aquatiques. Elle parcourt les rochers ou les rives graveleuses ou déambule près des bassins, capturant ses proies au sol et au bord de l’eau.

Reproduction – nidification

La bergeronnette des ruisseaux revient normalement sur ses lieux de reproduction au mois d’avril, et parfois même en mars. Son nid est souvent dans un petit creux à proximité d’un ruisseau ou d’une construction quelconque. Il est construit avec des brins d’herbe, des racines, de la mousse, des débris de feuilles et est garni d’un fin tissage de fibres végétales, de poils, de crins. La femelle pond 4 à 6 œufs que les parents couvent durant 2 semaines. Ils se partagent également le nourrissage des petits, pendant presque 2 semaines encore. La plupart des couples élèvent une seconde nichée de juin à juillet.

 


La nette rousse

Nette rousse (Netta rufina)

Ce canard plongeur est remarquable pour ses couleurs contrastées. Mâle et femelle sont assez dissemblables. Le mâle possède une tête rousse vive avec le dessous jaune. Le cou, la poitrine et le ventre sont noirs. Les flancs blancs contrastent avec le dos brun foncé. Une bande blanche barre l’épaule. Le bec est rouge, les pattes rouge-orange. La femelle est plus discrète : dessus de la tête brun, joues blanc grisâtre, dos brun, dessous plus clair.

 

Notée « en danger » dans le livre des oiseaux menacés et à surveiller en France.
Sur le lac d’Annecy, sa présence est uniquement hivernale avec une dizaine d’individus. La nette rousse est une acquisition récente de l’avifaune nicheuse de Haute-Savoie. Depuis 2002, année de la première reproduction, l’espèce niche annuellement en un seul site du département : la Réserve Naturelle du delta de la Dranse (Thonon-les-Bains). Entre 5 et 10 couples s’y reproduisent. Malgré cet effectif faible, l’apparition récente de la nette rousse en Haute-Savoie ainsi que l’accroissement rapide de sa démographie nous autorisent à penser que cette espèce est moins menacée qu’il n’y paraît.

Habitat

La nette rousse fréquente les plans d’eau, riches en herbiers. Le nid est posé sur un tapis de végétation dense, près de l’eau, caché par les roseaux. En mai-juin, la femelle pond entre 8 et 12 œufs dont l’incubation dure entre 26 et 28 jours. Les canetons sont nidifuges : ils quittent le nid très rapidement et prennent leur envol dans un délai de 40 à 50 jours.

Comportement

Elle se nourrit en surface ou en plongeant à une profondeur évaluée entre 2 et 4 m. L’immersion, assez brève, n’excède pas 15 secondes. Son activité est diurne et nocturne. Son vol est direct, comme presque tous les anatidés (famille des oies, cygnes et canards), et son corps massif et ses ailes larges laissent paraître beaucoup de blanc.

Menaces

De la même façon que pour la majorité des oiseaux d’eau, l’espèce souffre de la disparition et de la dégradation des zones humides. Les dérangements en période de reproduction induits par une fréquentation mal contrôlée et une ouverture de la chasse trop précoce sont des menaces à ne pas négliger.

Cycle annuel

Migratrice, elle hiverne dans l’Ouest européen et autour de la mer Noire et de la Méditerranée. Sa présence hivernale au lac d’Annecy est avérée mais reste inférieure à une dizaine d’individus.

 


Mouette rieuse (Chroicocephalus ridibundus)

La mouette rieuse

C’est un oiseau aquatique et les deux sexes sont identiques. L’adulte en plumage nuptial a le dos et le dessus des ailes gris clair. Les grandes plumes externes du bout des ailes sont blanches avec les extrémités noires. Le dessous est sombre. Cette mouette a un capuchon brun-chocolat, présent uniquement en période nuptiale, qui s’étend jusqu’à l’arrière de la partie auriculaire et des croissants blancs autour de l’œil. Les parties inférieures sont blanches, parfois teintées de rose sur la poitrine au printemps. Le bec et les pattes sont rouge noirâtre. Les yeux sont foncés. L’adulte en plumage d’hiver a des taches sombres nettes en arrière des yeux. On peut voir deux barres noires indistinctes en travers de la calotte. Le bec est rouge avec l’extrémité noire. Les pattes sont aussi rouges. Le juvénile et l’immature n’ont pas de capuchon noir.

Protection et vulnérabilité

Espèce protégée au niveau national.
L’unique colonie de Haute-Savoie, située dans la Réserve Naturelle du Delta de la Dranse, compte 40 à 60 couples. Aussi mérite-t-elle toute notre attention. Cet oiseau est également présent sur le lac d’Annecy mais n’y est pas nicheur ; alors qu’il s’agit de la troisième espèce la plus abondante sur le lac en hiver.

Habitat

La mouette rieuse s’installe en colonies dans la végétation des étangs, à l’intérieur des terres. Le nid est posé à terre dans une zone peu végétalisée. Il est composé de branches et autres morceaux de végétaux et peut atteindre près de 40 à 50 cm de diamètre. La mouette rieuse est monogame et fidèle au site du nid où elle revient chaque année. Elle peut former des colonies mixtes avec des sternes, oiseaux cousins et migrateurs marins. L’accouplement a lieu juste après la parade nuptiale. La nidification se fait en grandes colonies, jusqu’à 1 000 couples ou plus. Les nids sont distants de 1 à 5 m les uns des autres. La femelle dépose 2 à 3 œufs brun-olive, mouchetés de brun, vers fin avril-début mai. L’incubation dure de 22 à 26 jours. Les jeunes restent au nid environ une semaine et sont semi-nidicoles, nidicole signifiant que les jeunes restent au nid sous la protection des parents. Ils quittent le nid vers l’âge de 32 à 35 jours.

Comportement

Cet oiseau est très grégaire en dehors de la période de reproduction. Il se nourrit et dort en grands groupes. Omnivore et opportuniste, il « nettoie » les villes et les plages ou se nourrit dans les champs, en marchant, en nageant et en plongeant pour saisir poissons, vers et autres invertébrés. Il consomme aussi des fruits, graines, débris variés et parfois des souris. Il vole au-dessus de l’eau et picore les insectes à la surface. La mouette rieuse effectue un vol rapide et actif. Elle peut également planer et glisser.

Menaces

L’installation récente du Goéland leucophée sur le delta de la Dranse constitue une menace directe pour la population haut-savoyarde de mouette rieuse, du fait de la prédation qu’il exerce sur les nichées. D’autre part, les crues annuelles de la Dranse affectent la colonie et pourraient à terme la faire disparaître.

Cycle annuel

Migratrice partielle, elle hiverne en Europe dans les habitats côtiers variés. Des populations sont notamment observables au lac d’Annecy à cette période avec 200 à 300 individus.

 


Le harle bièvre

Harle bièvre (Mergus merganser)

Le mâle possède une tête vert foncé avec un long bec mince et crochu, rouge. Le cou, la poitrine et les flancs sont blancs et contrastent avec le milieu du dos noir. Les ailes, en grande partie blanches à la base, sont noires aux extrémités. Le croupion est gris, ainsi que la queue dont le bout est plus foncé. La poitrine est teintée de rose au printemps. La femelle possède une tête brune sur un corps gris. La transition s’effectue par un cou blanc. Il tient son nom de son habitude à nager le corps submergé (Mergus, de mergere, submerger). Sa réputation à manger de grandes quantités de poissons lui a valu le nom de bièvre (autrefois, on pensait que le bièvre ou castor mangeait du poisson).

Habitat

Il se rencontre près des fleuves, au bord des lacs, des rivières, sur les rives des grands étangs, le long des côtes marines. Bien qu’il apprécie la tranquillité au large du lac, il est parfois possible de l’observer tout près des quais.

Comportement

Le harle bièvre est un excellent plongeur. Son immersion peut durer entre 20 et 30 secondes au cours desquelles il peut s’enfoncer jusqu’à 10 m. En vol, il peut atteindre la vitesse de 70 km/h. Son décollage semble laborieux, en effet sa morphologie l’oblige à courir quelques instants sur l’eau avant de prendre un envol direct, cou tendu, à quelques mètres de la surface de l’eau.

Reproduction – nidification

L’espèce niche sur le lac d’Annecy, notamment à Annecy, Duingt, Saint-Jorioz et Sevrier. Le nid est placé dans un arbre creux, un grand trou ou à terre, à l’abri d’un fourré. En avril ou mai, la femelle pond entre 8 et 12 œufs protégés de duvet. L’incubation dure de 30 à 32 jours. Les cannetons sont nidifuges : ils quittent le nid très rapidement et sont assez souvent transportés par la femelle qui les juche sur son dos. L’envol des petits s’effectue entre 60 et 70 jours après l’éclosion. La Haute-Savoie constitue le plus grand bastion de nicheurs en France.

Menaces – protection

Même s’il est commun sur le lac d’Annecy, le harle bièvre est protégé au niveau national. Ses effectifs en France sont faibles et localisés ; les populations d’hivernants et de migrateurs se sont pourtant considérablement étoffées. Sa progression est irréfutable ces dernières années et son statut pourra être à terme réévalué si la tendance continue. La conservation de cette espèce passe par des conditions propices à la nidification : cavités sûres et tranquilles. Légalement protégé, le harle bièvre fait parfois l’objet de tirs illégaux. Son régime piscicole peut attiser certains débats, comme d’autres espèces tel le Grand cormoran. A savoir que son statut n’est pas représentatif de la Haute-Savoie puisque 95 % de sa population s’y trouve !

Cycle annuel

Ce migrateur partiel visite l’Europe Occidentale pendant ses quartiers d’hiver. On peut ainsi assister à des rassemblements de milliers d’individus en certains points du littoral et plusieurs centaines sur les rives des grands lacs. Il est présent toute l’année sur le lac d’Annecy en petit nombre (entre 20 et 30 individus).

 


Le grand cormoran

Grand cormoran (Phalacrocorax carbo)

Le grand cormoran adulte en plumage nuptial est tout noir, avec des reflets bleus et vert-bronze. La queue est noire et assez longue. Une tache blanche sur la cuisse apparaît pendant la période nuptiale. La tête est noire, avec quelques plumes blanches sur la crête peu fournie. Les yeux sont verts. Le bec, légèrement crochu et puissant, est noirâtre avec la base jaune. Les pattes et les doigts palmés sont noirs.

 

 

Habitat

Le lac d’Annecy compte une centaine d’individus hivernants. Il vit sur les côtes, dans les estuaires, près des lacs et des grands cours d’eau. Le nid est fait d’algues, de roseaux, etc.

Comportement

Le grand cormoran se nourrit principalement de poissons et d’invertébrés aquatiques. Il plonge pour capturer sa proie avec le bec et il est capable de rester sous l’eau pendant plus d’une minute. Il remonte le poisson à la surface afin de l’étourdir en le secouant et le lance en l’air pour le retourner avant de l’avaler. Cette espèce est grégaire et niche en colonies. Elle vole avec des battements fermes et des glissés occasionnels.

Reproduction – nidification

Le nid est une grande structure faite de rameaux de bois et d’algues, tapissé de matériaux plus fins. Les deux parents construisent le nid sur un arbre bas, sur le sol ou les corniches. La femelle dépose 3 à 4 œufs blanc bleutés. L’incubation dure environ 30 jours, assurée par les deux parents. Les poussins sont nourris par les deux adultes et restent dépendants pendant 70 jours pour finir par prendre leur envol 50 jours après.

Menaces – protection

Les grands cormorans ont été persécutés par les humains en tant que concurrents des pêcheurs. À présent, avec les efforts de conservation, leur nombre augmente et le statut de cette espèce s’est stabilisé.

Cycle annuel

La France, et notamment le lac d’Annecy, accueille des oiseaux migrateurs et hivernants dont l’origine est très variée. Des nicheurs norvégiens atteignent parfois le Nord de la France. À l’inverse, les nicheurs français littoraux se dispersent aussi beaucoup : de l’Espagne jusqu’aux Pays-Bas.

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